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Cette page d’histoire de notre commune a été écrite par Louis Hublau que nous remercions chaleureusement
Réhon
A son origine, Rehon n’était qu’un humble village, sur la rive gauche de la Chiers, au creux d’une verdoyante vallée. Les premières maisons se groupèrent autour de l’église Sainte-Geneviève.
« C’était un beau vallon avec une rivière.
Il y faisait bon vivre aux sautes du vent fou;
Un pont, un grand moulin, une vieille chaumière;
Des vaches, des moutons paissant un peu partout. »
Serge Truba
Etymologie du nom Réhon
D’après le dictionnaire topographique de la Moselle par M. de Bouteiller (1874) :
1484 : REHAN (inv. des titres de Lorraine IX, 106);
1656 : RELON (carte Samson) ;
1681 : RHÉON (dénombrement du 7 juin 1681) ;
1684 : REHON (carte des Archives du Génie à Vincennes).
1874 : RECHON, 18ième siècle (pouillé de Trèves).
En ce qui concerne l’origine de son nom, le dictionnaire des noms et des lieux de France de A. Dauzat et Ch. Rostaing, en 1963, mentionne : « Obscur, peut être nom d’homme germanique Rehan ou mieux Reon ».
1760-1761 : REHON est mentionnée dans la carte de Cassini (Metz).
D’après ce dictionnaire, Rehon fait partie du canton de Longwy ; Rehon a pour annexes : Mexy, les fermes d’Heumont et de Larimont, le moulin de Maragole, le moulin Neuf et la maison d’Isly. Depuis le 19ième siècle, on peut noter dans l’orthographe de Rehon, la présence ou non de l’accent.
La Chiers au pont de Rehon Le ruisseau des Neuf Fontaines
La Chiers parcourt le territoire de Rehon sur environ 3 km. Son cours est rapide ; à certaines époques, près du pont de Rehon, le niveau d’eau est de 0, 25 m. En 1879, par suite de pluies abondantes, il a atteint 3,80 m. En 2009, la partie basse de la commune de Rehon fut inondée par les eaux du ruisseau des Neuf Fontaines : 1,80 m dans certaines rues. Ce ruisseau coulait à ciel ouvert devant la Mairie actuelle. Il fut recouvert en 1939, dans la traversée de Rehon.
Les seigneurs d’Heumont
En 1493 (archives nationales du Grand Duché de Luxembourg), le seigneur Jehan d’Heumont devait répondre de la bonne gestion des terres de la cense d’Heumont devant le Roy de Sicile (également duc de Lorraine et du Barrois et même seigneur de Longwy). Les seigneurs d’Heumont ont été alliés à la famille des Nassau. Ils possédaient sur la hauteur un château par la suite converti en ferme. Ces seigneurs ont été « escuyer de l’Empereur Napoléon 1er ». Il existe un testament d’un seigneur d’Heumont datant de 1400. Entre 1720 et 1730, la cense d’Heumont était réputée pour ses mariages de nobles ou de notables dans la toute petite chapelle castrale du château seigneurial.
La vieille ferme en 1942
En 1888, la demeure seigneuriale d’Heumont fut convertie en ferme. L’ensemble devint la propriété de l’usine de la Providence, en 1914. Ce fut en 1927 que l’urbanisation d’Heumont commença, enlevant 60 ha à la ferme qui continua d’exploiter une quarantaine d’hectares pour les céréales et l’élevage des bovins. Quelques timides projets de reconversion furent bien envisagés. En 1981, sa démolition procura une réserve de terrain communal de plus d’un hectare.
Longwy et ses environs furent pris par les troupes de Louis XIV en 1670, cette annexion fut officialisée par le traité de Nimègue en 1678. Le traité de Ryswick en 1697 réduisit une première fois la prévôté de Longwy acquise par la France. Le traité de Paris, le 21 janvier 1718, mutila la prévôté de Longwy dont la plus grande partie fut rendue à la Lorraine sauf Longwy avec 10 hameaux : Romain, Piedmont, Mont-Saint-Martin, Autrux, Herserange, Longlaville, Mexy, Lexy et Rehon. Ils formèrent une enclave française en attendant le rattachement définitif de la Lorraine à la France en 1766.
En l’an 1698, Rehon ne comprenait que la paroisse de Rehon et le fief d’Heumont. Le village de Mexy appartenait alors à la commune d’Herserange. La paroisse faisait partie du Décanat d’Arlon, du Diocèse de Trèves, de la Généralité de Metz et formait une dépendance du Bailliage et du Siège Royal de Longwy. Rehon, le long de la vallée de la Chiers, était relié à Longwy par de simples sentiers praticables seulement par temps sec.
L’église Sainte-Geneviève
Une première église semble dater du 11e siècle. Elle a été rebâtie en 1733, sous le patronage de sainte Geneviève et consacrée en 1735 par l’évêque suffragant de Trêves, Frédéric von Nalbach. Le clocher était à l’autre extrémité de l’église, il a été reporté en 1848 sur le bord de la route. Par la suite, les dessins de l’église furent remodelés plus d’une fois. Elle fut agrandie de 1892 à 1901 par l’ajout d’un transept, la reconstruction du chœur et de la sacristie, sous la direction de l’architecte Albert Jasson de Nancy. L’église a été modifiée en 1856, puis agrandie en 1898. M. Jules Bourgeois nouvel abbé, décida de la modification et de l’agrandissement du chœur (Amédée Remy, entrepreneur de travaux à Baslieux).
Rehon était un village très réputé pour ses bonnes nourrices choisies par les bourgeois et les familles d’officiers. Le nom de famille le plus connu était celui d’Aubrion qui a fourni pendant plusieurs siècles des représentants de l’autorité municipale. Après la Révolution de 1789, des descendants de cette famille ont été maires de la commune de Rehon, de père en fils, pendant près d’un siècle.
Mexy, conformément à des décisions prises en l’an I de la République, faisait partie du district de Longwy, département de la Moselle. Un décret de Napoléon 1er, du 5 juin 1812, lui fit perdre son autonomie en le rattachant à Rehon.
Jean-François Alfred Mézières était le fils d’un ancien recteur de l’académie de Metz, Marie-Louis Mézières, demeurant 28 rue de Noyon à Paris et de Anne-Virginie Aubrion, fille de M. Jean-François Aubrion, maire de Rehon. Il naquit le 19 novembre 1826, à Rehon.
Jusqu’en 1853, Rehon fut un petit village habité par des cultivateurs, quelques artisans et des rentiers. Bientôt des étrangers porteurs de chaînes d’arpenteur traversèrent les prairies, depuis Longwy, jusqu’à Longuyon. L’année suivante vit la construction de la voie ferrée permettant de se déplacer plus vite qu’en diligence et de transporter plus facilement les matériaux. La fin de la vie bucolique est mentionnée par une note d’archives (2 novembre 1861) : location de la maison du pâtre (plus de troupeau). Il fallait loger les ouvriers travaillant à l’établissement de la ligne de chemin de fer Longwy-Longuyon.
En 1865, il existait deux moulins : le Moulin Neuf (moulin Wagner) et le moulin de Chénières. Un troisième moulin « le moulin Henrion » était alimenté par le ruisseau. Le Moulin Neuf fut acheté par la société des grands moulins Vilgrain de Nancy, en 1939. Désaffecté vers 1950, il fut reconverti par la suite en magasin de commerce. Il sera détruit dans un incendie le 13 mars 2011. Le moulin de Chénières fut arrêté en 1897. En 1910, il laissa sa place à une aciérie Thomas et à un laminoir pour rails, poutrelles, ronds et billettes.
Au printemps de l’année 1865, des arpenteurs et des géomètresréapparurentdans la prairie Sainte-Geneviève où desterrains avaient été vendus à une société appelée « La Providence ». Au cours de cette même année, de nouvelles voies ferrées furent posées et des matériaux de toutes sortes furent déchargées. Bientôt se profila dans le paysage la silhouette des deux premiers hauts fourneaux. Ils furent mis en service l’année suivante pour produire de la fonte ; la société prit le nom de « Forges et fonderies de la Providence ». Son siège social était situé à Marchienne-au-Pont, en Belgique. Son premier directeur fut M. Helson. En 1866, 180 à 200ouvriersy travaillaient. Pour loger les ouvriers, en 1869, les cités ouvrières de la rue Saint-Pierre furent commencées. Leur construction sera stoppée au moment de la guerre de 1870-1871. Le haut fourneau n° 3 fut construit en 1870 ; il faudra attendre 1878 pour sa mise à feu. Détruit par les Allemands en 1918, il sera reconstruit sur une ligne perpendiculaire à la précédente (350 tonnes par jour).
Les hauts fourneaux de la Providence
En 1914, l’usine produisait 180 000 tonnes de fonte ; le 1er août 1914, le silence régna sur l’usine. En 1918, l’effectif fut réduit à 80 hommes. En 1920 : l’usine fonctionna à nouveau avec deux hauts fourneaux. L’usine comptera jusqu’à 7 hauts fourneaux. Le 9 janvier 1958, le haut fourneau n° 7 fut allumé. Ce fut le plus grand des hauts fourneaux construits à Rehon (1467 t, en 24 heures, en juin 1981). En 1960, l’usine comptait 3500 ouvriers dont des Belges ; elle produisait 6% de l’acier et 50 % du feuillard français. En 1979, seuls 4 hauts fourneaux fonctionnaient encore ; cette année vit la mise en service de la nouvelle aciérie. Le 19 décembre 1979, la Société « Cockerill-Ougrée-Providence » fusionna avec Usinor. L’activité de l’usine de Rehon dont la production s’arrêta en 1987 fut démantelée à partir de 1988.
Pendant la guerre de 1870-1871, Rehon vit arriver les Prussiens qui s’installèrent chez l’habitant. Ils réquisitionnèrent tout ce qu’il leur était nécessaire.
Le 16 novembre 1873 : demande de séparation de la section de Mexy, demande acceptée par le Conseil Municipal et le principe de la création de la commune de Mexy fut adopté. Le 14 mars 1879, un décret érigeait en municipalité distincte la section de Mexy, distraite à cet effet de la commune de Rehon.
En 1880, un champ de tir militaire fut créé à Rehon, en fond de vallée, pour compléter celui situé dans le fossé des remparts de Longwy Haut.
En 1902, le quartier Jeanne d’Arc n’existait pas encore. Les maisons apparurent dès 1907-1908. Après 1925, la société « Thomas-Ladret » vendit ses rues à la commune. De nombreux magasins et cafés s’ouvrirent alors. Autrefois, la fête y battait son plein, animée par les accents de la musique « La Rehonnaise ».
Après la défaite de 1870, l’Allemagne avait annexé l’Alsace et une partie de la Lorraine. La nouvelle frontière laissait le bassin de Longwy à la France. Avec la découverte du traitement des minerais phosphoreux, le gisement lorrain devint tout à coup plus intéressant et les usines se multiplièrent. A la déclaration de guerre, en 1914, Alfred Mézières se trouvait à Rehon ; il était âgé de 89 ans lorsque les armées allemandes envahirent la région. Le 10 octobre 1915, il mourut prisonnier et otage des armées allemandes.
Obsèques d’Alfred Mézières
A partir de 1914, le pillage de l’usine dura jusqu’aux premiers mois de 1917. Des industriels allemands vinrent choisir : charpentes, matériel, outillage, pièces de rechange, ponts roulants… L’enlèvement du matériel s’effectua de juin à septembre 1917. Au début de 1917, la destruction systématique de l’usine s’organisa.
De 1914 à 1918, Rehon fut occupé par les Allemands qui s’installèrent chez l’habitant et dans l’usine. Le dortoir des ouvriers célibataires devint cantonnement et poste de garde. Durant quatre ans la population subit toutes sortes de contraintes et de réquisitions : interdiction de se rassembler, de quitter le village, de sortir après le couvre feu et obligation de fournir tout ce que l’occupant réclamait pour soutenir l’effort de guerre. Le maire de Rehon, M. A Sévrin reçut les ordres de la Kommandantur.
Les Allemands devant les Grands Bureaux de la Providence, en 1914
Association des Anciens de la Providence
Après l’armistice du 11 novembre 1918 et le traité de Versailles, la récupération des matériels volés, la commande de machines neuves, l’approvisionnement en minerais et coke, les réparations demandèrent des sommes très importantes. Les dossiers de dommages de guerre furent constitués. Le haut fourneau n° 1 fut remis à feu le 23 mai et le haut fourneau n° 2 allumé le 14 octobre 1919. En 1921, la reconstitution de la capacité de production d’avant-guerre était terminée. La production de 1921 (192 802 tonnes d’acier lingots) retrouvait celle de 1913 (184 836 t).
Le calvaire, rue de Cutry, fut construit en 1921, afin de commémorer la paix retrouvée mais surtout en remerciement à sainte Geneviève, patronne de la commune. Le 6 octobre 1928, l’édification d’un monument fut décidée par le conseil municipal en hommage aux morts de la première guerre mondiale.
Après la guerre de 1870, garder des ouvriers expérimentés devint une préoccupation pour les dirigeants d’usine. De nombreuses cités ouvrières virent le jour à Rehon : la rue Saint-Pierre fut commencée en 1869. En 1880, l’hôpital Saint-Pierre fut construit au bout de la rue du même nom. Il fut agrandi avant la guerre de 1914-1918, avec l’ajout d’une aile sur sa gauche. Il abritera ensuite les religieuses infirmières pour soigner les nombreux blessés de l’usine et la population. L’infirmerie sera déplacée en 1961, rue de Lexy. Le bâtiment hébergera ensuite la bibliothèque de la Providence. Les cités rue Saint-Pierre, rue de Lexy et rue Virvaux abritèrent 43 familles vers 1909.
Vers 1910 fut édifiée la rue Aubrion et dans le même temps, les travaux de construction de la rue Mézières furent entrepris. La rue Lacanne vit le début de sa réalisation en 1921. Avant 1925, l’ensemble du personnel de l’usine de la Providence comprenait 1937 personnes.
Les cités ouvrières : rue Aubrion, rue Mézières, rue Lacanne
On vit s’édifier dans toute la région des coopératives, des écoles, des garderies d’enfants, des hôpitaux, des salles des fêtes, des églises, des installations hygiéniques de douches et bains… En 1926, pour attirer les ouvriers d’élite, l’usine de la Providence acquérait le domaine d’Heumont d’une superficie de 98 ha afin d’envisager l’édification de logements (cabinet « Lebourgeois*Zimmermann »). La vieille ferme d’Heumont allait être le témoin d’un bouleversement du paysage qui lui sera fatal.
La Cité Jardin
Association des Anciens de la Providence
Ce modèle de « Cité jardin », aéré, conçu en Angleterre au début du siècle pénétra sur le continent par la Belgique. La Providence était une société à capitaux belges. Son personnel passa de 1780 ouvriers en 1923 à 2800 en 1939. Comme il n’y avait plus de place dans la vallée, 1’habitat ouvrier partit à la conquête du plateau. L’usine édifia une nouvelle cité ouvrière à partir de 1926, dans le style pavillonnaire, autour de son église centrale. Toute la cité fut construite dans un esprit quasiment utopiste avec de vastes logements, clairs et tous dotés d’un grand jardin, avec des pavillons accolés par 2 ou par 4. De 1926 à 1962, cette cité conservera son caractère propre où les H. L. M. ne trouveront pas leur place.
En 1926, séparées du parachèvement par la rivière, 14 baraques furent construites pour loger les ouvriers du chantier de construction des trains à feuillards. Les émigrés de fraîche date, particulièrement démunis, n’avaient pas d’autre choix et acceptèrent de s’y loger.
Le 24 août 1931, un crédit fut accordé pour la construction d’une église, d’un château d’eau et l’installation de l’éclairage public. La commande du gros œuvre de l’église fut passée le 12 décembre 1931 à M. Aubrion. L’église fut décorée de vitraux dessinés par Jacques Gruber (maître du vitrail de l’Ecole de Nancy). Au fond du chœur, 3 baies reçurent des images de la foi, de l’espérance et de la charité. Venu à Rehon, le fils de Jacques Gruber apporta une idée originale : un vitrail dans le transept, représenta l’atelier de saint Eloi, patron des orfèvres, des forgerons, des métallurgistes et des sidérurgistes. Un deuxième vitrail montra saint Eloi bénissant les métallurgistes. Le saint apparut aux ouvriers au milieu de leurs installations, montrant toutes les techniques de la transformation du métal et la pénibilité du travail.Le château d’eau, commandé en septembre 1931, fut en service en avri1 1932. Cette année là, il existait 198 logements occupés par 239 ouvriers, une institutrice et un agent de police.
L’église Saint-Eloi
Par arrêté ministériel du 20 juin 1929, le tombeau de l’église Sainte-Geneviève fut classé monument historique. Ce tombeau daté du début du 16ième siècle connut de tout temps une grande célébrité. Il fit l’objet de pèlerinages grandioses surtout le lundi de Pâques. Les pèlerins se rendaient ensuite à Longwy-Haut pour s’y divertir auprès de nombreux forains. Ce fut l’origine de la foire de Pâques de cette ville. Ce tombeau fut honoré de la visite du roi Louis XIV lorsqu’ il vint, en 1682, inspecter les fortifications de la place forte de Longwy. Pendant l’occupation allemande de 1914-1918, les Allemands tentèrent de l’emporter en Allemagne : l’intervention énergique de M. le Curé Bourgeois réussit à empêcher ce sacrilège.
La seconde guerre mondiale
Le 1er septembre 1939, Hitler envahit la Pologne. Le 3 septembre 1939, la France et la Grande Bretagne déclarèrent la guerre à l’Allemagne. Le 28 septembre 1939, le raccordement SNCF de l’usine de Rehon servit de point de départ à l’évacuation de certaines familles membres du personnel. Les personnes âgées et les familles ayant des enfants en bas âge prirent place dans des wagons de voyageurs. Les wagons à bestiaux furent réservés aux personnes valides. Le manque de personnel dû à la mobilisation générale entraîna l’arrêt de 2 hauts fourneaux. Sur les parcs du parachèvement les productions de ronds à obus de tous diamètres remplacèrent celles des rails et des poutrelles.
Contrairement à l’avis de Pétain, le général Condé décida de défendre le secteur de Longwy. Les 9, 10 et 11 mai 1940, après la « drôle de guerre », les commandos allemands traversèrent le Luxembourg, en civil et s’infiltrèrent dans le flot des réfugiés. Le 10 mai, ce fut l’arrêt total de l’usine de la Providence. Le 11 mai : l’ennemi abordait la Position Avancée de Longwy. Dans la nuit du 11 au 12 mai, l’ennemi testait la défense française. Le 12 mai eut lieu la première attaque des Allemands au pied de la place forte de Longwy. Toutes les unités, dont les missions étaient de couverture ou de combat retardateur se replièrent au cours de la nuit.
Le 13 mai marqua l’attaque générale des Allemands et une défense des Français tous azimuts. Les soldats de la 7ième compagnie escaladèrent le crassier de Rehon. A 21 h 45, les éléments restants du 2ième bataillon du 227ième R.I., franchirent la Chiers les derniers, sur ce pont de Rehon qui refusait de sauter…
Le pont provisoire de Rehon avant puis après son dynamitage
(Photothèque Marcelle Rideau)
Au cours de la période du 10 mai à juillet 1940, des dégâts ont été causés par bombardements d’artillerie : 104 points de chute d’obus sur l’usine et 220 sur les cités. De mai à juin 1940, les Allemands investirent la région et la ligne Maginot invaincue. Jean-Marc Reiser naquit au 15 rue Mézières, le 13 avril 1941. En 1942, l’usine assura des distributions de biscuits vitaminés pour les enfants. Pour les jeunes, l’essentiel fut d’échapper au Service du Travail Obligatoire.
Les champs autour de la vieille ferme d’Heumont en 1942
(Photos Jules Hublau)
Un service agricole fut créé et des champs cultivés à Heumont. Le personnel, essentiellement féminin, fut chargé de la plantation de pommes de terre et de carottes. Les légumes, entreposés dans la salle paroissiale, étaient revendus à l’ensemble du personnel.
Le 10 septembre 1944, Rehon fut libéré.
(Photos Jules Hublau)
Le 27 mars 1945, le haut fourneau N° 4 coulait sa première fonte d’après guerre.
En 1958, commença la construction de la salle de la Jeunesse sur l’emplacement de l’ancienne place du lavoir. En 1954-1955, la place de Rehon-Centre (actuellement place Ferdinand Grenetier) fut réalisée sur l’emplacement d’un verger appartenant auparavant à la famille Aubrion qui possédait également les maisons à l’emplacement desquelles furent construits la Mairie et le Foyer des Anciens.
Un centre d’apprentissage fut ouvert en avril 1953 ; l’école compta neuf sections : ajustage, chaudronnerie, dessin, électricité, forge, maçonnerie, mécanique, menuiserie, moulage. La durée des études était de quatre années dont une de préapprentissage, En fonction des besoins de l’usine, les meilleurs élèves avaient une priorité pour choisir un métier. En décembre 1967, les centres d’apprentissage de Rehon et de l’usine de la Chiers furent regroupés, sous l’égide de l’Education nationale pour former l’Ecole technique privée du bassin de Longwy.
Le 26 février 1955, une poche de fonte en fusion, transportée par un pont roulant se renversa avec un bruit terrible. Bien vite, une nappe de feu et de flammes envahit la halle où dix maçons fumistes reprenaient leur travail d’entretien, après une pause. Immédiatement plusieurs vêtements s’enflammèrent. Le chef d’équipe, Bruno Barbaresi, pris dans la nappe en fusion, tomba et mourut carbonisé. Le jour même, Ali Bahi décéda, Mario Maffeis et François Alliéri, le lendemain, Raymond Frognieux, Angelo De Conti et Henri Picot quelques jours plus tard. George Schreiber, gravement brûlé survivra. Deux d’entre eux, Henri Dubois et René Gobert furent indemnes.
La Cité marchande d’Heumont commencée en 1951 fut terminée en 1955. De 1957 à 1960, les constructions reprirent à Heumont, oubliant totalement le style de 1926 de la Cité Jardin : les « Logecos ». De 1958 à 1961 fut bâtie la cité Beauséjour. L’ensemble comprenait 2 bâtiments regroupant 68 appartements. Elle transforma profondément le paysage du « Vieux Rehon » et entraîna l’agrandissement de l’école du Centre par la création de deux ailes abritant chacune deux classes (1961-62). Entre 1964 et 1965, une enquête réalisée par les élèves de l’école Jeanne d’Arc montre la grande variété des nombreux magasins (une centaine avec les docteurs et les cafés) encore ouverts à Rehon à cette époque.
1966 : Alekséi Leonov en visite à l’usine à tubes et à la Providence.
Association des Anciens de la Providence
Le 28 novembre 1966 eut lieu la fusion entre Providence et Cockerill ; la même année Alekséi Leonov visita l’usine à tubes et la Providence. Le carrefour des rues de Longwy-Lexy-Boismont fut aménagé en 1969, ce qui nécessita le transfert du monument aux morts sur la place Ferdinand Grenetier (rénovée et inaugurée en mai 1997). Ces travaux furent suivis de l’élargissement de la rue de Longwy en 1970 qui fut bordée d’un mur de soutènement.
En 1971, Gilbert Broseus inaugura le viaduc reliant Rehon à la rue de Cutry, ouvrage destiné à éviter les longues files de voitures en attente devant le passage à niveau. Cette réalisation nécessita la démolition des maisons qui faisaient face à la porte de l’usine et transforma complètement l’aspect du centre de Rehon. La halte du chemin de fer de Rehon mise en service le 3 septembre 1863 fut démolie en 1985.
Les années 70 devinrent difficiles pour la sidérurgie. La nécessité de loger le personnel disparut complètement. En 1971, la Société accepta les demandes d’achat des logements. En 1972, le Conseil d’Administration inscrivit sa volonté de se séparer entièrement de la Cité Jardin. La ville de Rehon accepta de classer ces rues et équipements dans la voirie communale. Les travaux de construction se poursuivirent intensément dans la plaine voisine. Avec leurs nouveaux propriétaires, les maisons des anciens quartiers changèrent de visage. Les garages s’ouvrirent dans chaque jardin et les logements furent repensés entièrement.
En 1960, la Sidérurgie était à son apogée dans le bassin de Longwy plus de 24 000 ouvriers, travaillaient dans les usines de : Longwy (Aciéries de Longwy et de la Chiers) ; Herserange (Senelle) ; Saulnes (Raty) ; Rehon (la Providence) et Villerupt.
En novembre 1976, « le Républicain Lorrain » annonce la suppression de 14 000 à 20 000 emplois et la négociation d’une convention de trois ans entre la Sidérurgie et l’Etat. Une fois encore, malgré les promesses, le capital sera vainqueur. Un siècle pour façonner un paysage et 30 ans pour réduire les effectifs à moins d’un millier d’ouvriers (837 en 1991).
En 1979, l’incompréhension se manifesta au regard des mesures qui frappaient gravement Usinor et épargnaient l’usine de Rehon. Le 12 janvier 1979, une grève générale toucha l’ensemble des usines pour protester contre la restructuration du bassin de Longwy. Le 23 mars 1979 eut lieu la première marche sur Paris (100 000 sidérurgistes). Rehon fut à l’arrêt complet suite aux rumeurs de transfert de la fabrication de la fonte des hauts fourneaux de la Providence vers ceux de Senelle. Le 19 décembre 1979 : Usinor absorba l’usine de Rehon et le 24 décembre, M. Lagier fut nommé directeur d’Usinor Longwy-Rehon. En 1980, l’emblème Providence disparut définitivement ; les effectifs d’Usinor (Longwy-Chiers-Rehon) 11 430 personnes devaientt être ramenés au 31 décembre 1979 à 6657 (pour Rehon : 1010 personnes profitant de la Convention de Protection Sociale en 1980).
1982 : ce fut l’année des mensonges et des trahisons se terminant dans la confusion et l’incertitude pour Rehon; mai 1983 vit la mise à mort des installations de Rehon et de Longwy programmée. La guerre des feuillards commença et marqua l’année 1984 : des rouleaux de feuillards furent déroulés dans les rues de Rehon et dans toute la région.
La guerre des feuillards et le château de la direction en flammes
Le château de la Direction, rue Virvaux, fut incendié dans la nuit du 4 au 5 avril 1984. Le 13 avril 1984, une grande marche intersyndicale à Paris rassembla plus de 60 000 personnes. A Rehon, le 19 avril 1984 : des rouleaux de feuillard furent projetés à partir du viaduc sur les voies S.N.C.F. Le 22 mai, Rehon fut paralysé par du feuillard déroulé dans les rues.
En 1985, le déclin de l’usine de Rehon était inéluctable. Dans la nuit du 12 au 13 décembre, un incendie se déclarait dans la nouvelle aciérie. Malgré sa remise en état et un dernier baroud d’honneur le 18 janvier 1987, le 30 juillet au matin, l’aciérie souffla sa dernière coulée. Ce fut la disparition totale de l’activité sidérurgique de Rehon.…« Après cent vingt années d’existence, l’usine de la Providence à Rehon figurait dans la charrette des condamnés. Livrée aux mains des démolisseurs, elle n’existera plus désormais que dans la mémoire des hommes. »…Le 20 juin 1988, à 11 heures, le haut fourneau n° 4 était dynamité, puis ce fut le tour des hauts fourneaux n° 5 et n° 7.
L’enseignement : les premières écoles
Le 30 juin 1989, le « Lycée d’enseignement professionnel privé de jeunes filles de Rehon », ancienne école ménagère, transformée en L.E.P. le 22 septembre 1980, fermait ses portes. Les religieuses de la Doctrine Chrétienne quittèrent définitivement les lieux.
En 1993, devenant très dangereuse pour la sécurité des habitants, la chapelle Jeanne d’Arc fut amenée à disparaître. Construite en 1924, elle fut utilisée pour la célébration des offices pendant 70 ans.
En 1994, le nouveau tracé entre les communes de Rehon et Lexy s’étendait sur 1275 m. Deux carrefours furent aménagés : un giratoire avec la voie du vallon et les dessertes de la ZAC et une voie qui desservit la voie communale de Lexy.
En 1994, lors d’une réunion extraordinaire, des projets furent envisagés, pour embellir la cité : aménagement du centre ville de Rehon, de la place de l’Eglise ainsi que la réfection extérieure de la cité marchande d’Heumont. La même année, création d’une ZAC à Heumont : depuis quelques décennies, un inlassable essor de constructions s’était poursuivi. Pour ce nouveau projet, les responsables communaux préfèrèrent passer la main, à Solorem.
En 2000, la future maison de l’intercommunalité s’installait dans l’ancien laboratoire de la Providence. Le District de l’Agglomération de Longwy battit désormais pavillon à Rehon.
17 janvier 2005 : le glas de « CinéRehon » ; cette grande bâtisse située au 64 route de Longwy s’est envolée sous la pelle mécanique et destructrice des entreprises de démolition. L’antre du 7ième art laissa sa place au « Square du 8 mai 1945 ».
L’enseignement : les premières écoles
Une école libre de jeunes filles fut autorisée en 1875 par le conseil municipal ; elle s’installa par la suite dans l’hôpital de la rue Saint-Pierre. Des sœurs y dispensèrent l’enseignement aux bambins. La construction d’une école, rue de Cutry, fut décidée en 1881 ; elle fut inaugurée le 22 novembre 1884 ; le bureau de la mairie s’installa au premier étage.
En 1906, suite à l’industrialisation de la commune, le nombre d’enfants augmentant, une école de filles s’ouvrit au Champ de Tir. Une nouvelle école, inaugurée le 7 juin 1914, fut nécessaire pour le quartier Jeanne d’Arc. Fermée, cette école abritera dans ses locaux un dépôt pour les restaurants du cœur. L’une de ses salles servira un moment de lieu de culte après la fermeture de la chapelle. Par la suite, le bâtiment sera transformé en appartements.
En 1935, l’entreprise Bianchi construisit un nouveau groupe scolaire nécessaire pour Rehon Centre (Zimmermann et Pierre Lebourgeois). Dans les années 1960, deux ailes furent ajoutées au bâtiment.
A Heumont,en 1927, l’affectation des premiers logements prévoyait l’arrivée de 59 enfants. L’usine de la Providence n’avait pas programmé d’équipement scolaire. Les nouveaux écoliers furent accueillis à Rehon centre. La direction de l’usine obtint l’accord pour construire une école de 2 classes. Un bâtiment situé rue de la ferme fut commandé à M. Aubrion en février 1929 (il servira par la suite de vestiaires aux sportifs, d’habitation, enfin de remise). Le groupe scolaire d’Heumont fut construit à partir de 1929 (architecte Jean Zimmermann). Il fallut l’agrandir pour passer à quatre classes en 1931. Un nouvel agrandissement fut nécessaire en 1954. En 1955, le problème scolaire n’était pas résolu, 9 classes étaient nécessaires. L’usine se vit obligée de prêter le local de la cité marchande.
Heumont : Le groupe scolaire et le collège Pierre Brossolette, en 2013
(Photo Louis Hublau)
Avant 1939-1945, il existait à proximité de la salle paroissiale, une petite classe que l’on appelait l’école gardienne ; une demoiselle (rétribuée par l’usine) en assumait le fonctionnement. En septembre 1951, après la fermeture de cette école, un jardin d’enfants fut mis en place au rez-de-chaussée de l’ancienne maison Aubrion pour accueillir 25 à 30 enfants de 3 à 5 ans. En 1968, la mairie de Rehon mit fin au bail de la maison Aubrion, ce qui occasionna la fermeture du jardin d’enfants jusqu’à l’ouverture de l’école maternelle en 1975. Le collège Pierre Brossolette ouvrira ses portes en septembre 1968.
22 août 2005 : inauguration du stade « Gilbert Broseus » En 2009 : la sous-préfecture de Briey annonçait qu’une traque à la panthère avait été mise en place, depuis qu’un grand félin avait été aperçu à plusieurs reprises à Rehon et dans les environs.
L’année 2010 vit la réalisation de très gros travaux : la cité marchande d’Heumont, remise en état, un magasin de vêtements, un salon de coiffure et deux Kinés. La cantine périscolaire a été transférée au premier étage de l’immeuble Abbé Petit, où une nouvelle cuisine a été aménagée. Au cours de l’année 2011, la salle du conseil et la salle des mariages situées au premier étage ont été transformées en bureau. Une grande salle a été construite à l’arrière de la Mairie.
La place Grenetier en 2013, avec son nouveau monument aux morts
(photo Louis Hublau)
Au début du 21e siècle, la situation financière de Rehon est saine. La chute de population est enrayée grâce aux nouveaux habitants et aux services qui leur sont offerts : services de santé (médecins, dentiste, pharmaciens, infirmières, vétérinaire), écoles dotées d’ordinateurs, ADSL, classe de mer, sorties piscine, concerts JMF, gymnase, collège, école de musique, cantine garderie et centre de loisirs pendant les grandes et petites vacances, nombreuses associations dynamiques, installations sportives : COSEC, stade doté de nouveaux vestiaires, des city stades à la Harange à Heumont et sur les friches de la Providence, centre communal d’action sociale, aides ponctuelles aux personnes en difficulté, primes de fin d’année aux demandeurs d’emploi et aux personnes âgées aux revenus modestes, salle de la Jeunesse entièrement rénovée ; au quartier Jeanne d’Arc, ouverture d’un city stade et d’une aire de jeux.
La disparition de la sidérurgie aurait pu entraîner le déclin de la ville de Rehon. Elle a au contraire mobilisé les énergies et marqué le début d’une ère nouvelle ponctuée de réalisations importantes qui font aujourd’hui de Rehon une ville agréable. Elle s’est tournée vers le 21ième siècle : la Cité Jardin si chère à M. Decours offre un ensemble de maisons ou de villas, toutes plus belles les unes que les autres, diversifiées et de qualité. Les nouvelles rues, aux noms tournés vers la nature, avec leurs larges avenues, leurs city stades, les terrains de sports, l’église toujours aussi rayonnante montrent que Rehon est une ville qui bouge.
Louis Hublau